Histoire, mémoire, patrimoine
Cet ouvrage explore le champ encore méconnu des relations entre la forêt et la Grande Guerre, qui fut un puissant agent de transformation des territoires. Car à l'issue du conflit, de la mer du Nord à la Suisse, la déchirure – villages détruits, terroirs agricoles abandonnés, forêts brisées, sols bouleversés – courait sur près de 800 km. Les lieux d'affrontement, aux blessures difficilement effaçables, furent cartographiés sous le nom de « Zone rouge ».
Dès l’instant zéro que fut l’hiver 1918-1919, la cicatrisation des milieux s’enclencha, sous l’effet de deux dynamiques végétales : l’une, spontanée, œuvre de la nature ; l’autre, contrôlée, qui fut l’œuvre des acteurs du territoire – habitants, associations, élus, gestionnaires forestiers. La Zone rouge fut ainsi un creuset d’expériences. Durant la Reconstruction, tandis que de jeunes formations végétales s'épanouissaient sur les espaces dénudés et vacants, les pouvoirs publics reconstituaient le foncier. La domanialisation permit d’identifier des sites de mémoire et des espaces à boiser. Il fut alors dévolu à l'arbre et à la forêt un rôle décisif, mais silencieux et peu connu, dans la reconstruction des structures territoriales et des paysages.
L’étude aborde les questions d’environnement, de gestion forestière, d’aménagement territorial, celles aussi des débats sociétaux autour de la patrimonialisation des sites mémoriels. La démarche, transdisciplinaire, fait appel à la géographie des milieux et des hommes, à l’histoire militaire et forestière, à l’écologie, la foresterie, l’histoire du patrimoine.
L’iconographie et la cartographie, riches et variées (photographies, cartes postales, documents d’archive, tableaux d'époque), s’appuient sur l’actuel renouvellement des sources suscité par la Mission du Centenaire, l’ouverture des fonds publics et privés, la dynamique sociétale, les nouvelles technologies d’acquisition de données et l’engouement des publics pour un terrain réinterprété.
Cet ouvrage a reçu le label de la Mission du Centenaire.
Introduction
Chapitre I. Les forêts de la Grande Guerre, arrêts sur images
Arrêts dans les Vosges, en Picardie et en Artois
Verdun 14-18, une forêt d’exception
Forêts de la guerre et patrimoine en Argonne
I. LA FORÊT MILITARISÉE, 1815 - 1914
Chapitre II. Forêt et défense du territoire.
La forêt et l’organisation défensive de la France, 1815-1870
Le contrôle militaire sur la forêt
Après le choc de la guerre franco-prussienne, penser la forêt en système
La forêt et la défense du territoire, 1873-1914
Chapitre III. A la veille de la guerre, une forêt militarisée
La forêt et l’homme à la veille de la Grande Guerre
La militarisation des milieux et des hommes, 1873-1914
Le bois et la forêt dans le camp retranché de Verdun
II. LA FORÊT DANS LA GUERRE
Chapitre IV. Et la guerre s’invite en forêt
L’entrée de la forêt dans la guerre : la bataille des frontières
La forêt et la fixation du front, exemples argonnais
La dégradation des peuplements et des milieux
Chapitre V. La forêt, cadre et acteur de la guerre
Bois et forêts dans la zone des combats
Le bois aux armées et la gestion de la ressource
Les structures de la forêt en guerre
III. DE LA ZONE ROUGE À LA FORÊT PATRIMOINE
Chapitre VI. Les forestiers face à la zone rouge
La Zone rouge, territoire d’intervention
Le volet forestier de la Reconstruction
Tableaux de forêts dévastées, Argonne, Hauts de Meuse, Picardie
Chapitre VII. Reconstruire, gérer et préserver
La reconquête végétale spontanée du champ de bataille
Les forestiers aux commandes
La grande mutation, le boisement de la zone rouge
Les paysages forestiers vers 1960
Le tournant de 1974 dans les forêts de zone-rouge
Conclusion
Bibliographie
Sources d’archives
Index des noms de forêts
Glossaire
Table des matières